Saviez-vous que les plantes sauvages comestibles pouvaient remplacer d’innombrables produits polluants, barbares et chers ? Voici une petite liste non exhaustive qui vous donnera des pistes pour vous y aider.
La viande & le soja
Certaines plantes sauvages ont des taux de protéines complètes en acides aminés plus élevé que le soja. Comme on le sait la production industrielle de viande est responsable d’une pollution de l’air et des sols faramineuse (et aussi de nos corps). Tandis que le soja est responsable d’une bonne partie de la déforestation, et de pollution puisqu’il n’est que rarement produit en biologique. Or, il existe des plantes locales, qui poussent naturellement, sans pesticides, sans antibiotiques, sans processus industriel destructeur…etc. Et qui (dans le cadre d’une alimentation raisonnée) peuvent pallier à une consommation de viande ou de soja, sans être obligés de se faire mal au ventre avec des légumineuses bourrées d’antinutriments. Les orties sont à ce titre des concentrés de protéines complètes. L’ortie est l’un des végétaux les plus riches en protéines complètes (48 g pour 100g de poudre d’ortie). L’ortie contient en effet 18 acides aminés dont 8 essentiels que le corps ne synthétise pas, ce qui en fait une protéine parfaitement assimilable par l’organisme au même titre qu’une protéine animale. On en trouve aussi dans l’egopode podragaire, 100g d’égopode= 110g de steak de bœuf. Ou encore la mauve : 100g de Mauve = 75g de steak de bœuf. Les amaranthes, sont très riches en protéines complètes, avec des acides aminés intéressants, en plus d’être nourrissantes et rustiques sur le plan agricole ! Le chénopode, la bourse à pasteur, la consoude, sont aussi de bonnes sources de protides.
La présure animale
Amis végétariens savez-vous comment le fromage est fabriqué ? On insémine des vaches pour pouvoir les traire toute la journée, leur faire accoucher de veaux en permanence puis utiliser l’estomac de ces veaux pour fabriquer du fromage. Oui le lait ne se transforme pas en fromage que par des phénomènes de cuisson, cela nécessite l’utilisation d’un coagulant : la présure. Le phénomène de coagulation du lait est rendu possible grâce à la caséine. Et ces enzymes, qui à l’origine permettent aux bêtes de digérer le lait, accélèrent le caillage de ce dernier pour le transformer en fromage. La présure animale est donc souvent extraite du suc gastrique du quatrième estomac du veau (caillette) ou de l’estomac du veau. En clair on tue des bébés vaches pour faire du fromage. Pour qu’un fromage obtienne l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) ou bénéficie du Label rouge, il doit impérativement être à base de présure animale. Ainsi, dès que le terme « présure » apparait sur l’étiquette, cela implique qu’elle est d’origine animale. Il existe cependant des alternatives végétales de présure, qui sont très peu utilisées par les industries. Et ce sont dans des plantes sauvages qu’on les trouve. A ce titre on trouve par exemple le suc contenu dans le figuier, le gaillet jaune, le petit artichaut sauvage ou les fleurs de chardon sauvage. Ces plantes sont réellement efficaces pour faire cailler le lait. Elles sont encore utilisées dans les campagnes et certains pays par de vrais paysans… .Alors si jamais vous avez deux trois chèvres chez-vous et que vous voulez essayer la tome, pourquoi ne pas tenter la présure végétale ? On peut l’acheter ou simplement faire bouillir son lait avec quelques brins de gaillet jaune ou une branche de figuier. Enfin, il est possible de réaliser du « fauxmage » avec des fruits à coque, comme les noix ou les noisettes.
Ce qui vient de loin
Certains produits polluent non seulement par le fait qu’ils soient produits à échelle industrielle mais aussi parce qu’ils nécessitent d’être acheminés sur de grandes distances par de nombreux moyens de transports. A ce titre on trouve le café, en Europe on se le fait livrer depuis l’Afrique ou l’Amérique latine … nous en consommons beaucoup et en sommes très friands. Pourtant il suffirait de torréfier quelques glands, avec des figues ou des myrtilles ou encore une racine de pissenlit pour produire un café local. D’innombrables plantes peuvent en fait servir à la torréfaction, il suffirait d’explorer des associations heureuses en goût pour ne plus dépendre de ces importations. Le thé est aussi remplaçable par des infusions de plantes comme mûrier, framboisier, fraisier..etc. On peut même mettre à macérer des feuilles de ronces pour obtenir du thé noir. De la même façon, la vanille est facilement remplaçable par des plantes locales. On admettra que le goût est différent, c’est autre chose, parfois plus floral, mais cela fait l’affaire. On trouve un goût très similaire dans l’aspérule odorante, infusée dans des desserts c’est à s’y méprendre. On peut aussi changer un peu en employant des fleurs de sureau ou de robinier faux acacia pour aromatiser ses desserts. Il y a aussi le sucre qui en plus d’être extrait par des moyens polluants n’est vraiment pas bon pour notre santé. C’est ici plus une question de rééduquer son goût, mais il est possible de le remplacer par d’autres saveurs plus saines. Par exemples des fruits comme la pomme ou des fruits rouges (myrtilles, fraises, framboises, mûres), ou des fleurs. A cela on pourrait encore ajouter le citron qu’on remplace facilement par l’oseille, l’oxalis ou la renouée du japon. Les épices aussi.
Des choses inutiles qu’on achète
Bien souvent, par manque de temps ou de motivation, nous préférons acheter plutôt que faire nous-même. Pourtant faire sois-même, au delà du fait d’être gratifiant, est plus économique, rentable ou biologique que tout ce qu’on trouve dans le commerce. La cueillette des plantes sauvages est un bon moyen de s’en rendre compte car après la cueillette, il faut bien transformer et conserver les denrées. Le plus accessible est de se passer d’acheter des tisanes et de les faire sois-même. Il suffit de cueillir à la belle saison assez de fleurs et de plantes pour être autonome. On peut citer le tilleul, l’aubépine, le mûrier, le framboisier, le cassis, le sureau, l’Achillée millefeuille, les bourgeons d’épicea, et tellement d’autres. En plus de vous passer d’emballages superflux et de les avoir gratuitement vous pouvez les utiliser aussi pour vous soigner (la reine des prés est par exemple l’ancêtre de l’aspirine, l’Achille millefeuille est efficace pour les douleurs menstruelles…etc.). On peut aussi fabriquer ses sirops, d’innombrables boissons fraîches et même des limonades ! Certaines plantes, comme les fleurs de sureau, contiennent en effet des levures qui ont la propriété de faire pétiller les boissons. Nous sommes amenés aussi à acheter quantité de produits séchés comme les champignons, les fruits secs ou des oléagineux qui peuvent être récoltés dans la nature…Par exemple il est tout à fait possible de fabriquer sois-même sa nourriture lyophilisée, ses barres de céréales et même du pop corn(et éviter ainsi de produire quantité d’emballages). Il est enfin possible de conserver les plantes sauvages sous d’innombrables formes : à l’huile, au vinaigre, en pasteurisation…etc. et constituer une source de nourriture régulière qui vous passera l’envie du rayon ‘conserves‘ du supermarché.
Les compléments alimentaires
Difficile de faire l’impasse là dessus….En effet, les compléments alimentaires sont parfois absolument nécessaires pour rétablir notre santé et conserver un métabolisme sain…. .MAIS si nous avions une alimentation complète et variée nous n’en aurions pas besoin. Il est aujourd’hui prouvé par la science, et des études de compositions chimiques poussées, que les plantes sauvages comestibles contiennent toutes plus de nutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments…etc.) que le peu de légumes bourrés d’eau que nous consommons. Pour l’écriture de mon livre j’ai épluché pas mal de livres qui exploraient le sujet et je peux vous dire que c’est un scandale de vendre aussi cher des compléments qu’on trouve nous-même naturellement dans la nature ! Un gros coup de business qui marche du tonnerre, vu que nous sommes tous carencés à force de manger des produits industriels. Sans compter l’arrêt de la consommation de certaines parties animales (les abats) et l’apparition de régimes en tous genres qui sont parfois bien mal calibrés pour notre santé… .Les sauvages sont d’une immense variété et des bombes nutritionnelles. Tous nos ancêtres en consommaient, c’est pour ainsi dire inscrit dans notre patrimoine génétique. Je vous en dirait plus dans le livre… mais en attendant mangez des orties je vous le dit !
J’espère que cet article vous aura incité à profiter de la belle saison pour aiguiser votre curiosité et tester des choses de vos mains, à vous réaproprier une forme d’autonomie (alimentaire ou pour votre santé) ou simplement fait réfléchir à d’autres options. N’hésitez pas à me parler de vos expérimentations avec les plantes en commentaires, ou me donner votre avis (la discussion est toujours bienvenue). Vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter pour être les premiers informés de la parution des articles.
A propos de l’auteure :
Je m’appelle Alice Fauconnier et suis une dessinatrice et auteure passionnée par la nature. J’ai créé Little Wild Leaves pour ensauvager vos vies ! .
Sources :
COUPLAN François, Guide nutritionnel des plantes sauvages cultivées, ed. Delachaux, 2020
FOUCAUT Florence, Intérêts nutritionnels des plantes sauvages, ed. du Puits fleuri, 2021
LARTIGOT Gilles, Eat, Chroniques d’un fauve dans la jungle alimentaire, ed. Winterfields, 2013
VENESSON Julien, Paleo nutrition, ed. Thierry Souccar, 2014`
Merci Alice. C’est vraiment très intéressant. Tu m’as appris plein de choses. J’utilise déjà quelque plantes sauvages . Je vais en ramasser d’autres ce week end avec tes explications.
Merci beaucoup pour ton commentaire. Vraiment très heureuse de savoir que cela t’a apporté et donné des envies de cueillettes approfondies 😉
Evidemment, cet article est comme toujours plein de bon sens et bien écrit !
Il rejoint complètement mon mode de vie même si je ne consomme pas à 100% les plantes sauvages…mais je souhaite montrer qu’il est aisé de les associer à nos aliments sains du quotidien…
Aucun doute que ton livre aura beaucoup de succès, les illustrations sont tellement jolies !
Merci beaucoup pour ton retour ! Je crois qu’il est rare qu’un être humain moderne consomme 100% de plantes sauvages, j’écris ces articles pour montrer, comme toi, que c’est possible…peut-être qu’à force de montrer d’autres possibles les modes de vie évolueront. Qui sait ?