Histoires de plantes, de survie & d’aventures

Explorateurs, aventurier.es, naufragés, peuples premiers… tous ont trouvé l’utilité des plantes sauvages comestibles dans des situations extrêmes ou simplement afin d’assurer leur survie. Ces histoires inspirantes nous permettent d’envisager les plantes comme nos alliées, d’être plus en lien avec notre environnement et plus résilients. Voici donc quelques récits épiques ou dramatiques qui retracent l’utilisation de plantes sauvages dans des situations de survie.

Au commencement, l’aventure humaine

© Illustration François Reuille

L’usage des plantes pour nous nourrir (et nous soigner) remonte aux prémices de l’humanité. La majorité de notre histoire, nous avons évolué en tant que chasseurs-cueilleurs nomades. Cueillir (et chasser) constituait en quelque sorte nos “journées de travail”. Ce qu’on nomme aujourd’hui “survie” ou “bushcraft” ne sont rien d’autre qu’une sorte de “revival vintage” de tout ce que nous avons été en tant qu’espèce durant des millénaires. A la différence qu’aujourd’hui nous évoluons dans la nature à grand renforts d’outils ultra technologiques, que la mode est aux applications d’identification sur nos téléphones et aux théories de plus en plus probables d’un collapse de nos sociétés… . Notre première nourriture, bien avant l’apparition de l’agriculture, fût les plantes que nous trouvions directement dans notre environnement et qui ne nécessitent aucun autre effort que d’être attentifs à ce dernier pour manger à sa faim gratuitement. Plantes, racines, baies, fruits et fruits à coques étaient notre menu quotidien. N’importe quel enfant savait comme un sixième sens identifier sa nourriture pour survivre. Aujourd’hui ces modes de vie ne subsistent plus que dans ce qu’on appelle des “cultures primitives” menacées d’extinction par la modernité, la perte de terres et diverses pressions externes. On peut citer les San du désert Kalahari ou les Pygmées Baka en Afrique australe, les Inuits dans l’Arctique, les Aborigènes australiens ou encore les Sentinelles de l’île de North Sentinel dans l’Océan Indien. Derniers survivants et gardiens de savoirs perdus dans le tourbillon d’une “évolution” fulgurante de nos sociétés.

Un cliché des Sentinelles sur “l’île interdite”, ses habitants refusent tout contact avec le monde extérieur pour maintenir leur culture traditionnelle. Le statut de l’île n’est pas clairement défini par le droit international, elle est considérée comme une entité souveraine sous protection de l’Inde. Le gouvernement territorial a déclaré qu’il n’avait aucune intention d’interférer avec leur mode de vie ou d’habitat.

Alexander Supertramp, l’erreur fatale d’un homme moderne en quête d’ensauvagement

Il y a bien sûr, l’histoire tristement célèbre de Christopher Mac Candless; malheureusement la plus connue qui effraie les novices et calme l’ardeur des idéalistes les plus chevronnés. Ce jeune homme, partit vivre en harmonie avec la nature, seul, au fin fond de l’Alaska, après avoir brûlé papiers et argent, représente pour moi le summum de l’idéalisme après Henri David Thoreau. Auto-renommé Alexander Supertramp (en l’honneur du groupe de musique culte), il s’établit dans un vieux bus et parvient à survivre quatre mois dans une immensité sauvage, se nourrissant essentiellement de petits animaux qu’il chassait à la carabine et de plantes sauvages. Il existe plusieurs hypothèses autour de sa mort. L’une, reprise dans le film, évoque une erreur d’identification : au lieu des pommes de terre sauvages du sainfoin alpin (Hedysarum alpinum), il aurait confondu avec les tubercules toxiques d’une plante très proche (Hedysarum mackenzii), qui l’auraient empoisonné au point de ne plus pouvoir digérer la nourriture. Il serait donc mort de faim. L’autre hypothèse avance qu’il aurait consommé en excès les graines de sainfoin alpin, provoquant des troubles neurologiques et moteurs et amenant notre héros au même sort funeste, à savoir mourir de faim. Tout ça a de quoi freiner toute velléité à se nourrir de plantes sauvages. Mais Chris nous aura au moins appris à tous à se méfier d’une identification trop rapide, à éviter de consommer une plante en excès; et aussi peut-être à reconnaitre l’importance du vivre ensemble et du clan en matière de survie.

Les plantes sauvages comestibles au service de l’exploration et de l’aventure

Sarah Marqui aventure survie plantes sauvages comestibles
En 2015, Sarah Marquis traverse à pied le Kimberley, dans le nord de l’Australie-Occidentale, se nourrissant de ce qu’elle trouve dans ce milieu hostile.

De nombreuse expéditions foisonnent d’histoires d’aventuriers subvenant à leurs besoins grâce aux plantes sauvages. On peut citer Sarah Marquis, une aventurière contemporaine, qui a assuré sa survie lors de plusieurs mois de marche dans le bush australien grâce à des connaissances que lui avaient transmis des Aborigènes sur les plantes locales. Cheryl Strayed, dans ses mémoires (Wild), relate également l’utilisation de baies et de plantes lors de sa randonnée de 1770km à travers le Pacific Crest Trail, un chemin reliant la frontière mexicaine, à la frontière canadienne (long de 4 240 km). Elle décrit aussi des moments où elle a utilisé des plantes pour soulager des maux et des douleurs mineurs.

Moins récemment, un temps où il y avait encore des terres inconnues à explorer sur ce globe, de nombreuses explorations ont fait l’utilisation de sauvages comestibles. Il y eu l’expédition de Lewis Meriwether et William Clark (1803-1806) dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Les membres de l’expédition, avaient des connaissances en botanique et ont documenté de nombreuses espèces végétales. Ils étaient aussi accompagnés d’une guide et interprète : Sacagawea, une Amérindienne Shoshones de 16 ans mariée à un trappeur (qui l’avait “gagnée” à un jeu :/). Elle leur a permis de se nourrir, traiter les maladies avec les plantes locales et d’établir des contacts avec les populations autochtones. Ou encore l’expédition Terra Nova (1910-1913) dirigée par Robert Falcon Scott en Antarctique. Les membres de l’équipe ont utilisé des lichens comme source de nourriture pendant la période difficile de l’hivernage. On peut aussi citer des aventures qui ont mal tourné et dont les protagonistes ont dû aviser, parmis elles de nombreux naufrages. Comme l’expédition menée par Sir Ernest Shackleton en Antarctique, l’Imperial Trans-Antarctic Expedition (1914-1917) à bord de l’Endurance qui échoue, laissant l’équipage bloqué sur l’île de l’Éléphant. Ils ont survécu en chassant des oiseaux et en consommant des œufs, mais ils ont également utilisé des plantes sauvages locales pour compléter leur alimentation. Volontairement ou par réelle nécessité les plantes sauvages comestibles ont donc accompagné et facilité bon nombre d’aventures !

lewis et Clark botanique
Lewis et Clark furent guidés à travers l’Amérique du Nord par une jeune amérindienne qui leur permis de survivre grâce à l’usages de plantes. Ils ont également fait de nombreuses observations botaniques.

Mourir d’ignorance ou conséquences de la méconnaissance de nos environnements

oxalis Irlande plantes sauvages
L’oxalis petite oseille une plante sauvage comestible emblématique de l’Irlande.

Il existe aussi des histoires qui nous montrent qu’on peut mourir d’ignorance et ce même au beau milieu d’un garde-manger. En Irlande, en 1845, des champs entiers de pomme de terre sont décimés par le mildiou déclenchant une grande famine. L’essentiel du régime alimentaire irlandais repose alors sur la consommation de cette denrée. On estime qu’en 1845 près de 1,5 million de paysans pauvres se nourrissaient quasi exclusivement de pommes de terre. Les récoltes des 3 années suivantes seront également décimées. S’ajoute à cela une politique ultra-libérale qui laisse le peuple mourir de faim, limitant l’aide étatique au strict minimum. On recense 1 million de morts et 1 million et demi d’émigrés. Pourtant à cette époque les terres fertiles d’Irlande regorgent de plantes comestibles. On y trouve une grande biodiversité et de nombreuses plantes riches en nutriments essentiels. Mais les connaissances s’étaient perdues et la dépendance à l’agriculture et à la pomme de terre devenues trop grandes. Aujourd’hui, de tels drames arriveraient probablement. Tant ces connaissances ce sont perdues, tant nous avons foi en nos gouvernements (il suffit de voir la crise du covid) et tant nous sommes dépendants de l’agriculture et d’un système mondialisé sans aucune résilience alimentaire à l’échelle de territoires entiers (même fertiles, comme la France) …. bref, avoir deux trois connaissances ça mange pas de pain comme on dit ^

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Apprenez à vous nourrir de plantes sauvages :

Apprenez comment récolter, préparer et cuisiner des plantes aussi bien que des arbres, des champignons ou des algues.

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Pour partir à l’aventure ou juste rester en vie si jamais 😉

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