L’animal en nous, le choix du sauvage

Depuis la nuit des temps, l’Homme et l’animal entretiennent un lien profond de réciprocité, de nécessité, spirituel même. Certains humains, qu’on croise au détour de livres ou de reportages sensationnels choisissent de partir vivre avec des animaux sauvages. Une façon de se mesurer à plus grand que soi ou de partir en quête d’une part un peu taboue de notre humanité : quelque chose de sauvage et naturel, une forme d’instinct, qui va à l’encontre de tous les modes d’être policés que nous inculquent nos cultures. Voici une plongée dans notre histoire avec le monde animal et l’histoire de quelques-unes de ces personnes qui ont fait le choix audacieux de vivre avec des créatures sauvages, et des recommandations de livres et de films pour vous plonger dans leur univers fascinant.

l’animal en nous

Nous l’oublions souvent, mais nous sommes, nous aussi, des animaux. En tant qu’espèce, Homo sapiens appartient au règne animal. Nous faisons partie de l’ordre des Primates, classés parmis les hominidés, aux côtés des singes et des grands singes. Nous sommes des êtres multicellulaires, des mammifères, avec un système biologiques, des besoins de survie et de reproduction proches de beaucoup d’autres animaux. Nos systèmes sociaux sont similaires à ceux d’autres espèces comme les chimpanzés, les bonobos, les dauphins, les éléphants ou les loups. Nous partageons avec eux des traits de sociabilité, de coopération et de composition sociale (hiérarchie, famille ou meute), des besoins d’appartenance, d’attachement, et de coopération. Tout cela garantit la survie, la prospérité et reproduction de l’espèce. Rien d’étonnant donc à ce que différentes espèces animales parviennent à coopérer. Bien que, la plupart du temps, nous soyons les plus grands prédateurs de tout l’écosystème.

Petit historique de l’Homme et l’animal

Les archétypes ou l’animal totem :

L’archéologies et les mythes montrent que la relation avec le monde animal existe depuis des millénaires. Nous avons vécu au plus près des animaux, adoptant des comportements, des pratiques, et même des symboles en leur honneur. Les grottes de Lascaux et Chauvet, célèbres pour leurs peintures rupestres datant de plus de 17 000 ans, montrent des animaux peints avec soin. Certains chercheurs pensent que ces images servaient à invoquer l’esprit de ces animaux pour les chasses futures. La domestication des chiens, il y a environ 30000 ans est sans doute l’une des plus anciennes preuves de ce lien entre humains et animaux. On pense que les premiers humains et les loups se sont rapprochés, créant une alliance utile pour la chasse et la sécurité mutuelle. Au fil du temps, certains loups se seraient rapprochés des campements humains et auraient évolué pour devenir les chiens. Le chamanisme inhérent à toutes nos cultures premières fait état d’une véritable vénération du monde animal. Les animaux ne sont pas seulement des créatures à chasser ou à craindre : ils sont des guides spirituels et des totems. Plus tard les religions antiques auront de nombreux Dieux et Déesses à l’effigie d’animaux. Même dans la religion chrétienne certains apôtres sont symbolisés par des animaux. Le sacré et le monde animal sont pour nous reliés. On trouve pléthore d’histoires d’enfants sauvages élevés par des loups. Comme Romulus et Remus, les fondateurs mythiques de Rome, qui auraient été nourris et protégés par une louve. Les animaux étaient perçus comme des alliés de l’homme, des protecteurs. Ils incarnent l’idée qu’un lien fort peut exister entre un être humain et des animaux sauvages, avec une relation de soin mutuel.

Culture contre-nature ?

Pourtant, nous ne cessons de détruire le monde animal : pour nous nourrir, pour le territoire; par la chasse, puis avec la domestication, et enfin par la destruction de notre écosystème. 42 000 espèces sont actuellement classées comme menacées d’extinction sur les quelques 150 000 espèces connues. (Sans compter toute la mégafaune qu’on avait déjà zigouillé à la préhistoire : plusieurs centaines d’espèces). Du sale, l’amour vache disons. Nous avons passé toute notre histoire à nous distinguer de toute forme d’animalité. Les religions ont érigé « la bête » comme un principe de mal absolu, toutes nos pulsions « malsaines » y étant associées, la morale, la bien-pensance, les codes sociaux se sont chargés du reste, pour notre bien et la cohésion de nos sociétés. L’homme est à l’image de Dieu, au centre de l’univers, créé pour dominer et gérer la nature, nos penchants animaux domestiqués pour mieux assoir notre supériorité sur le reste de la création. La philosophie a achevé de nous distinguer du monde animal, d’abord Aristote, qui bien qu’il reconnaissait une continuité entre animal et humanité, cherchait à nous différencier : l’homme est différent de l’animal car il raisonne. C’est ce qui lui permet de créer des concepts, la morale et la politique. Mais Descartes ira plus loin en considérant les animaux comme dépourvus de pensée et de conscience. Selon lui, seuls les humains possèdent une âme rationnelle, qui leur permet d’accéder à la pensée et au langage, et de s’élever au-dessus des instincts. Descartes justifie ainsi l’idée d’une supériorité humaine absolue et d’une nature animale entièrement déterminée par des mécanismes. On sait aujourd’hui que les animaux sont doués de langage, d’émotions et d’une certaine forme de raisonnement. L’évolution de la psychologie et de la société nous invite à reconsidérer notre rapport à l’instinct et à questionner certaines règles morales. On reconnaît l’influence de nos pulsions — sexualité, agressivité, survie — sur nos comportements. On remet en cause les normes rigides et les tabous. Peut-être commençons-nous à renouer avec nos instincts, une forme de simplicité et de vérité animale qui subsiste en nous ? Est-ce cette authenticité et cette liberté que sont venus chercher celles et ceux partis vivre avec des animaux, loin de nos culture policées ?

Faire le choix du Sauvage

Certains hommes et femmes bravent les défis d’une vie en immersion avec la faune sauvage. Qu’il s’agisse d’une passion pour la nature, d’un engagement pour la conservation, ou d’une quête de sens, ces aventuriers partagent un amour profond pour les animaux et un désir de les comprendre. Quelques portraits :

Jane Goodall et les chimpanzés

Jane Goodall, une primatologue britannique, a révolutionné notre compréhension des chimpanzés avec ses recherches en Tanzanie. Elle a vécu des années au plus près des chimpanzés sauvages, découvrant leurs comportements sociaux, leurs émotions et leurs liens familiaux complexes. Goodall est devenue une icône de la protection des grands singes et de la défense de l’environnement.


À lire : My Life with the ChimpanzeesÀ voir : Jane (2017), un documentaire fascinant.

Shaun Ellis : la vie avec les loups


Pour mieux comprendre la vie sociale des loups, Shaun Ellis, ancien de la marine royale, naturaliste autodidacte, a vécu plusieurs années avec une meute de loup en plein Canada sauvage. Il a adopté leurs comportements, y compris leurs hurlements et leurs habitudes alimentaires, pour communiquer avec eux. Son histoire, surprenante et inspirante, permet d’en apprendre davantage sur la complexité des liens sociaux dans les meutes de loups. Aujourd’hui il accompagne des bergers pour faire face aux loups avec des méthodes bien à lui.
À lire : L’homme qui vit avec les loups, À voir : The Wolfman, documentaire de National Geographic.

Geoffroy Delorme : l’homme chevreuil

Geoffroy Delorme a passé sept années en immersion dans une forêt normande, où il a vécu au plus près d’une harde de chevreuils. Delorme a adopté leur rythme et appris à se fondre dans leur environnement, vivant en pleine nature, sans abri, en harmonie avec ces animaux méfiants mais curieux. Son expérience unique est relatée dans son livre L’homme chevreuil, où il nous invite à découvrir la beauté et la complexité de ces cervidés sauvages et à protéger leurs espaces naturels en luttant contre la déforestation et la mauvaise gestion de nos forêts.
À lire : L’homme chevreuil de Geoffroy Delorme.

Diane Fossey et les gorilles des montagnes

Diane Fossey, une primatologue américaine, a passé des années dans les montagnes du Rwanda à étudier et protéger les gorilles. Son livre Gorillas in the Mist est un récit poignant de son engagement envers ces animaux et de son combat pour empêcher le braconnage.
À lire : Gorillas in the Mist, À voir : Gorilles dans la brume (1988) avec Sigourney Weaver.

Timothy Treadwell : l’homme grizzly (mangé par le grizzly)

Timothy Treadwell a vécu plusieurs étés au plus près des ours bruns du parc national de Katmai, en Alaska. Bien que son aventure ait pris une tournure tragique, elle a laissé une empreinte forte. Grizzly Man, le documentaire de Werner Herzog, relate son parcours.
À voir : Grizzly Man (2005).

Ces expériences révèlent toutes le besoin d’échapper à la société moderne et de redécouvrir une forme de lien primitif avec le monde naturel. Mais aussi invitent à vivre autrement : dans le moment présent, en acceptant le caractère éphémère de toutes choses, l’humilité, la résilience, l’instinct. Toutes crient le besoin urgent de respecter et sauvegarder le monde vivant qui nous entoure. Mais aussi invitent à observer cette « animalité » en nous, non pas comme quelque chose à combattre mais comme une force, un aspect essentiel à notre bien-être et notre humanité.


A propos de l’auteure :

Alice Fauconnier  illustratrice nature plantes sauvages comestibles forêt dessinatrice graphiste peintre mural écologie survie en sauvagement

Je m’appelle Alice Fauconnier et suis une dessinatrice et auteure passionnée par la nature. J’ai créé Little Wild Leaves pour ensauvager vos vies ! .

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